Mon cher lecteur,
Une fois n’est pas coutume, une bonne image vaut mieux que tous les beaux discours :
J’espère que vous excuserez mes faibles talents de dessinateur…
Ce dessin a été inspiré par un texte important de Bruno Bertez que je reproduis ci-dessous.
Mais avant je voudrais vous dire pourquoi l’inflation est un sujet crucial.
Les calculs d’inflation sont la pierre angulaire des politiques monétaires actuelles et in fine des politiques tout court…
C’est à partir des calculs d’inflation que les banques centrales prenent leurs décisions de hausse ou baissee des taux.
De plus, la finance aujourd’hui tient le politique en l’état : Quelles marges de manoeuvre aurait encore Monsieur Macron si la BCE relevait ses taux ne serait-ce que d’un petit pour-cent ?
Et cette pierre angulaire qu’est l’inflation est une pierre pourrie.
Cette semaine, les statistiques de l’inflation américaine se sont relevées « décevantes », ouvrant la voie à de nouvelles baisses des taux. Mais comment calculent-ils seulement l’inflation ?
Prenons un exemple simple : un iPhone coûtait environ 600€ il y a quelques années au moment de sa sortie. Aujourd’hui, il coûte plus de 1 000€. Cela fait une grosse inflation pour un téléphone. Sauf que dans le même temps, des constructeurs chinois se sont mis à proposer des téléphones à peu près comme l’iPhone à seulement 250€. Et en plus, l’iPhone d’aujourd’hui a un bien plus bel écran et bien plus de mémoire et de fonctionnalités rigolotes que les précédents… Alors les prix augmentent ou bien ils baissent ? Il paraît donc presqu’impossible de calculer sérieusement des chiffres d’inflation.
En tout cas dans sa définition actuelle. Car il y a un siècle de cela, quand on parlait d’inflation, on voulait dire augmentation de la masse monétaire en circulation, augmentation du nombre de pièces, billets, crédits… La hausse des prix n’était que la conséquence de l’inflation. Et il y avait de la sagesse à se limiter à cette humble définition. Au moins elle était sérieuse.
Selon cette définition l’inflation dans le monde depuis 2008 en serait presque vénézuélienne.
Cela n’a pas de sens me direz-vous : vous n’avez pas besoin d’une brouette de billets pour acheter un sandwich…
C’est que l’inflation des uns est la déflation des autres.
Ce qui coûte de plus en plus cher depuis 2008, ce sont les actifs financiers. Et pour le coup, il faut presque des valises de billets pour acheter la moindre action cotée en bourse aujourd’hui. J’exagère un peu mais pas beaucoup.
Or l’inflation des uns est la déflation des autres : un bien immobilier coute aujourd’hui deux fois plus de temps de travail qu’en l’an 2000. En l’an 2000 il fallait 3 ans de salaires pour acheter votre premier bien immobilier, aujourd’hui il en faut 6. Bien sûr vous ne payez pas 2 fois plus d’argent par mois, non, vous payez deux fois plus longtemps… Mais cela revient au même, c’est autant d’argent ne moins que vous ne dépenserez pas ailleurs.
Pour les entreprises, c’est pareil, les hausses boursières qui ne correspondent pas à des hausses de croissance reviennent à valoriser plus cher des entreprises qui doivent dès lors rémunérer plus de capital avec la même activité… Et cela pèse bien évidemment sur les salaires.
Emmanuel Faber, le patron de Danone, a d’ailleurs souligné le phénomène il y a quelques mois dans un entretien au monde : ses prix ont baissé de 15% en 5 ans. Quand vous vous appelez Danone, vos prix correspondent à ce que peulent bien dépenser vos clients et c’est vous qui vous adaptez à eux et non l’inverse. Or les clients de Danone, qui ne sont pourtant vraiment pas les plus pauvres de France n’ont plus les moyens d’acheter de bons yaourts à leur prix. Pourtant les salaires n’ont pas baissé. Pourtant les calculs de pouvoir d’achat sont toujours à la hausse… Encore une inversion. C’est parce que des entreprises comme Danone dégradent leur produits afin de les proposer moins cher que vous pouvez entretenir l’illusion que le pouvoir d’achat se maintient. Mais à la fin, l’inflation des uns est la déflation des autres.
Cela fait des années que le phénomène est observé et les banques centrales ne peuvent pas ignorer que plus elles baissent les taux et plus elles distribuent de l’argent aux marchés financiers, plus elles asphyxie le monde réel. Plus elles créent de l’inflation d’un côté, plus elles créent de la déflation de l’autre.
À votre bonne fortune,
Guy de La Fortelle
Comprendre les mystères de l’inflation à la fois trop forte et trop faible
L’inflation est le paradoxe des temps modernes.
Elle est forte, les prix montent beaucoup et votre pouvoir d ‘achat est régulièrement amputé. Mais elle est faible et si on en croit les gouvernements et les banquiers centraux, elle oblige à mener des politiques de lutte contre la déflation.
Comme tout les paradoxes, celui de l ‘inflation n’est bien sur qu’apparent.
Les « malfaiteurs » du Département du Travail des États-Unis viennent de publier les chiffres de mai sur l’inflation il y a deux jours.
Une fois de plus… les chiffres triturés sont tombés en dessous de l’estimation du consensus.
Les experts avaient prévu une augmentation de 0,2% par rapport à avril.
Le chiffre officiel ressort à 0,1%.
Le taux d’inflation annualisé est passé de 2% à 1,8%.
L’été dernier, il s’était approché de 3% … en comparaison.
Jerome Powell ne peut plus imputer l’ absence d’inflation à des facteurs «transitoires» ou saisonniers.
Yelena Shulyatyeva et Eliza Winger de Bloomberg Economics:
» Ce sera une tâche difficile pour le président de la Fed, Jerome Powell, de continuer à attribuer la faiblesse de l’inflation à des facteurs transitoires lorsqu’il répondra aux questions lors de la conférence de presse qui suivra la réunion du FOMC la semaine prochaine. La dernière lecture de l’IPC indique que le rythme mensuel de… l’inflation devient de plus en plus modeste… »
«Les pressions inflationnistes dans l’économie américaine sont actuellement limitées», ajoute Leslie Preston, économiste principale à la Banque Toronto-Dominion:
Mais les chiffres officiels racontent une histoire exacte? Ne constituent -ils pas un narrative?
Comparez les chiffres triturés par le Labor Dpt avec ceux du site Web ShadowStats.
Le but de ShadowStats est de dépouiller l’empereur de ses vêtements pour exposer les «failles des données et des rapports économiques publiés par gouvernement américain».
Selon ShadowStats, si le gouvernement calculait l’inflation par rapport aux normes de 1990, elle ne s’élèverait pas à 1,8% mais à environ 5,5%.
Et si il le faisait par les normes encore plus exhaustives des années 1980?
A lors l’inflation atteindrait 9%.
Si les détails vous intéressent:
Mais le pouvoir a toutes les raisons de sous-déclarer l’inflation.
Les prestations de sécurité sociale sont indexées sur l’inflation, par exemple.
Autrement dit, une inflation reeconnue comme plus élevée oblige le gouvernement à augmenter les prestations pour suivre le rythme de l’inflation. Cela creuse les déficits.
C’est ce qu’on appelle un ajustement en fonction du coût de la vie.
Hmm!
Et alors… pourquoi préfèrer une inflation de 1,8%… à celle de 5,5%…ou de 9%?
Pourquoi publier des chiffres d’inflation faibles tout en déplorant l’absence de hausse de prix?
Parce que pour justifier la politique économique et monétaire qui est suivie , politique qui est en fait injustifiable, il faut faire croire en une autre inflation que celle qui est réelle, il faut retenir une inflation imaginaire, soit disant officielle, qui est l’inflation dite « core », une bestiole mathématique qui n’existe pas. L’inflation « core » est l’inflation de « base ».
Au cours de l’année écoulée, l’inflation de base est passée de 2,1% … à 2,0%.
Pourquoi prendre en compte l’inflation de base?
Parce que l’inflation de base est la boussole à laquelle la Réserve fédérale s’ajuste. Elle pilote les taux d’intérêt en fonction du taux d’inflation de base.
Si l’inflation de base augmente, il est probable que les taux augmenteront. Si elle se contracte, la Réserve fédérale est plus susceptible de les réduire.
Les chiffres imaginaires de l’inflation servent à justifier les politiques de transferts de richesses qui ont été mises en place depuis 2008 pour face face à la crise de surendettement des banques, des gouvernements, des entreprises.
Si on réussit à persuader les citoyens que l’inflation est faible, trop faible et même que l’on est en déflation, on a une excuse pour baisser les taux d’intérêt, pour les mettre à zéro, ce qui supprime la rémunéraion des épargnants et permet aux débiteurs de jouir du crédit sans que cela leur coûte. Cela permet de s’endetter plus, cela permet de « rouler » les dettes, cela rend supportables les dettes existantes . Au passage on détruit les retraites, mais ce n’est pas grave.
Bref par l’utilisation d’un taux d’inflation bidon, on fait payer le surendettement des uns, par les autres, par ceux qui n’ont pas de dettes et qui économisent.
C’est un colossal transfert qui se chiffre par trillions.
A 2%, l’inflation sous-jacente officielle correspond précisément à l’idéal de la Réserve fédérale. Un idéal tombé du ciel dont la seule fonction est de subventionner tous ceux qui vivent et dépensent à crédit: système financier, banques, gouvernements, entreprises, et bien sur marché financier, lequel spécule en levier. En levier cela signifie avec de l’argent que l’on n’a pas.
Les contrats à terme sur les fonds fédéraux indiquent qu’il y a environ 87% de chances qu’une réduction des taux d’intérêt soit décidée en juillet.
Les chiffres bidons de l’inflation seront bien utilse encore ces prochains mois ou prochaines années quand on voudra faire croire aux citoyens qu’il faut passer aux taux d’intérêt négatifs!
Enfin, si cela ne suffit pas, on ira encore plus loin: les apprentis sorciers s’engageront dans une voie encore plus fumeuse et spoliatrice celle de la théorie monétaire moderne, la MMT.
Attendez vous à ce qu’un jour, les « printing press » travaillent 24 heures sur 24, sept jours sur sept, 365 sur 365.
Elles financeront gratuitement tout et surtout le maintien au pouvoir des gouvernements complices des élites soucieuses de maintenir le calme social par les mirages: l’économie verte, le revenu universel, les retraites qu’elles ont détruites, les dépenses militaires
Bruno Bertez